Comment sortir la RDC de son sous-développement ?

Comment sortir la RDC de son sous-développement ?

Dans une matinée scientifique organisée à cet effet ce week-end, les trois orateurs du jour se sont inspirés du modèle sud coréen

L’institut des Recherches en Géopolitique et d’Etudes Stratégiques a, en collaboration avec l’ambassade de la République de Corée à Kinshasa, organisé une grande matinée scientifique au Musée National sur le thème : «La Corée et la République démocratique du Congo» : hiatus et conjonctions.

Une journée de réflexion qui avait pour entre autres objectifs de décortiquer les causes à la base de la régression socio-économique de la RDC depuis un demi-siècle et la politique mise en place par la Corée du Sud pour propulser son économie dont tout le monde entier parle aujourd’hui.

3 orateurs se sont succédé du haut de la tribune érigée à cette occasion. Il s’agit de M.Woosic SHIM, conseiller à l’ambassade de la Corée du Sud en RD. Congo, du Professeur Rigobert Kabwita KABOLO IKO, directeur général de l’IRGES et secrétaire général académique à l’UPN, et M Cleophas IYAKA MFUM, chef des travaux à l’UPN et chercheur à l’IRGES.

Dans son exposé, le professeur Rigobert KABWITA a salué les performances réalisées par la Corée du Sud les 50 dernières années et qui font d’elle l’une des économies prospères en Asie et onzième sur le plan mondial.

Il a fait une étude comparative entre la société sud-coréenne et congolaise. Pour lui en effet, les Sud-Coréens savent d’où ils viennent et où ils vont. Il estime que le progrès et le développement ne s’improvisent pas. Ils se préparent.

Vers les années 60, la République Démocratique du Congo avait le même niveau que la Corée du Sud, le Canada, le Ghana, l’Afrique du Sud. L’économie de la RDC était plus prospère que celle de nombreux pays émergent aujourd’hui.

Mais si l’économie de la Corée du Sud a progressé, celle de la RDC a plutôt régressé.

La Corée du Sud est un peuple, une nation, une culture, une religion. Ses dirigeants ont placé l’homme au centre de développement. Ils ont mis le peuple au travail et capitalisé toutes les vertus cardinales qui participent à la construction d’un bon citoyen à savoir : le civisme, l’amour patriotique, la morale, le respect du bien public et des ainés.

Un système éducatif adapté

Les gouvernants ont su mettre en place un système éducatif adapté aux réalités de la société coréenne et aux besoins du marché local. L’implantation d’une école dans un village, ville ou milieu donné ne se fait pas n’importe comment. Elle est précédée par des études approfondies avant que l’autorité compétente n’autorise sa construction.

Les écoles techniques et professionnelles sont la priorité avant de songer aux établissements scolaires qui dispensent l’enseignement général.

A la différence de la RDC, les écoles dans ce pays d’Asie sont subventionnées par l’Etat et les entreprises privées qui y investissent des moyens conséquents. De sorte que les élèves ne sont pas envoyés auprès des sociétés pour des stages professionnels. Parce qu’ils ont tous les équipements matériels et machines qu’on retrouve dans les firmes industrielles.

Les écoles ne sont pas budgétivores comme on en retrouve chez nous- car elles produisent des articles qui sont mis sur le marché et génèrent des recettes.

En Corée du Sud, le travail est sacré mais au Congo, le travail a été oublié au profit de la prière et autres distractions. Si les dirigeants font des projections à long terme pour le programme de développement, en RDC, le long terme n’existe pas. Les congolais aiment avoir tout et tout de suite. Le long terme est une grande faille dans les politiques congolaises.

La recherche scientifique, la réflexion et l’éducation d’une manière globale occupent une part importante dans le Budget de l’Etat. Au Congo, les priorités sont plutôt ailleurs.

Le cerveau, la santé : la plus grande richesse

La plus grande richesse a dit le Professeur Rigobert Kabwita, c’est le cerveau et la santé. Ce sont des éléments qu’on doit capitaliser à tout prix pour se propulser de l’avant.

Et dans notre pays, le plus grand défi à relever reste la guérison de l’homme congolais qui doit changer des mentalités et quitter la sphère de pensée dans laquelle il s’est enfermée pendant longtemps, celle de croire que le salut du Congo viendra de l’extérieur et surtout des prêts de la Banque Mondiale ou du FMI.

Il pense que les institutions de Bretton-Wood doivent être enterrées et banni de la tête des congolais. Et arriver à nous organiser nous-même à l’interne.

En effet, si l’on met tous les congolais au travail, la RDC peut devenir une étoile, une puissance en l’espace de dix (10) ans seulement. C’est possible avec toutes les potentialités naturelles qu’elle dispose.

Les dirigeants doivent s’efforcer à améliorer le climat des affaires non pas par des simples discours mais par des actes palpables sur terrain. Et l’on ne peut prétendre à l’émergence sans industries.

Il faut par ailleurs intégrer 3 enjeux si l’on veut vraiment développer notre société. Il y a d’abord l’enjeu énergétique et le pétrole y compris, l’enjeu défense et sécurité et l’enjeu mondialisation.

Pour le DG de l’IRGES, le tout passe par la réflexion, les laboratoires. Si on n’arrive pas à mettre fin au phénomène Kuluna comme les groupes armés ADF et autres milices à l’Est du pays, c’est parce qu’il n’y a pas de laboratoires où l’on a étudié et approfondi la question.

Adéquation entre système éducatifs et emploi

Le chef des travaux IYAKA MFUM a dans son exposé riche en informations, rappelé qu’en Corée du Sud, il y a adéquation entre la formation et l’emploi. Et il estime que le système éducatif Coréen est le plus performant au monde où le taux de l’alphabétisation est quasi-nul. Le taux de mortalité est également presque nul.

Mais auparavant, M. Woosic Shin, conseiller à l’ambassade de la Corée du sud, avait brossé le parcours historique de l’économie de son pays avant d’atteindre son niveau actuel.

Pour le D.G de l’IRGES, le Prof KABWITA, la RDC peut se développer endéans dix ans

Jean Pierre SEKE