Baisse du niveau des enfants à l’école en RDC

Baisse du niveau des enfants à l’école en RDC

Un spécialiste, le professeur Kabwita Kabolo de l’UPN donne les raisons.

Il se dégage un constat amer dans le secteur de l’éducation nationale. La baisse drastique du niveau des élèves et même des étudiants dans nos différents écoles et instituts du niveau primaire, secondaire et universitaire. Situation qui commence à inquiéter les bonnes consciences et surtout les parents et responsables à différents niveaux

Nous avons cherché à pénétrer ce mythe et à comprendre les causes. Raison pour laquelle nous avons fait parler un grand spécialiste de la matière. Il s’agit du professeur KABWITA KABOLO. Il a dirigé le centre interdisciplinaire de l’UPN (Université pédagogique nationale ) et est actuellement secrétaire général académique de cet alma mater.

Nous lui avons posé 5 questions. Suivez – le

  • Professeur KABWITA, les observateurs avertis ont fait un constat amer. Il y a baisse généralisée du niveau et des enseignements et des élèves, étudiants à tous les niveaux, depuis 2 décennies Quelles sont d’après vous les causes ?

La baisse du niveau des enfants du primaire à l’Université trouve ses origines sur plusieurs paramètres. Il y a au premier plan, la négligence du secteur éducationnel par l’Etat qui a pratiquement démissionné à plusieurs égards.

L’Etat congolais consacre un budget insignifiant au secteur éducationnel qui ne dépasse pas les 5%. Alors que dans un pays comme la France, le budget alloué au secteur est le premier de la République et tous les autres secteurs viennent après. Ce qui n’est pas le cas chez nous.

Que doit – on faire concrètement pour pallier à ce déficit ?

A mon humble avis, l’éducation devrait être prise complètement en charge par l’Etat. L’enseignement au niveau primaire devrait être non seulement gratuit mais aussi obligatoire. Pour que les enfants soient alphabétisés, instruits et bien formés.

Il y a ensuite un autre obstacle à épingler. C’est la problématique de compétence du personnel affecté au secteur éducationnel. Laissez – moi vous dire qu’on dénombre beaucoup d’enseignants non qualifiés et qui ne sont pas Pédagogues. Nombre d’enseignants ont été formés dans des filières techniques et n’ont pas de notions pédagogiques.

Il y a aussi l’absence de remise à niveau régulier des enseignants à tous les niveaux. Malgré ces faiblesses, on trouve quand même des bons enseignants. Ceux qui sont à la hauteur mais qu’il faut encourager.

Vous pensez que les parents n’y sont pour rien alors que l’orientation et le premier encadrement commencent en famille ?

Oui, le parents sont les premiers éducateurs des enfants et le premier encadrement doit partir du toit paternel, de la maison comme tu l’as dit. Mais il se fait qu’à ce jour, beaucoup de parents ont, du point de vue éducation familiale, abandonné les enfants à leur propre sort. Certains ne contrôlent pas les cahiers et les devoirs de leurs enfants. D’autres même, pour des raisons diverses, ne payent même plus les frais d’études de leurs progénitures.

Croyez vous sincèrement qu’il n’ y a pas d’autres causes à la base de la baisse du niveau que toute la société congolaise déplore ce jour ?

Je crois qu’une autre cause de la faiblesse du niveau est à chercher chez les élèves, et étudiants eux – mêmes. Beaucoup d’entre eux brillent par une négligence inouïe de la formation leur proposée. Estimant que la réussite dans la vie ne dépend pas forcement des études. «Chance eloko pamba » traduisez la chance est à notre portée. Une philosophie propagée dans l’opinion par certains artistes musiciens congolais et qui fait des dégâts à la jeunesse.

Les apprenants ne s’efforcent presque plus. Certains recourent à la loi de moindre effort jour passé de classes. En recourant à des pratiques peu recommandables.

Que doit – on faire finalement pour sauver le secteur éducation au Congo – Kinshasa ?

Je crois qu’il faut assainir le secteur de l’éducation par une reforme drastique et recruter des nouveaux enseignants sur base des critères rigoureux.

La deuxième chose que je voudrais souligner est la motivation du corps enseignant. Rien ne remplace la motivation. Si nous voulons obtenir des résultats, tout doit être mis en œuvre pour bien rémunérer les enseignants. Equiper les écoles et Universités en équipements didactiques adéquats.

Il faut des bibliothèques, des laboratoires. L’Etat ne devrait pas laisser la formation de nos enfants entre les mains des commerçants.

Jean – Pierre Seke