Tribune de J.C Katende : « La RD Congo n’est pas un butin de guerre du FCC et du CACH »

Tribune de J.C Katende : « La RD Congo n’est pas un butin de guerre du FCC et du CACH »

En Afrique, les élections sont un moment de beaucoup de tensions entre les acteurs politiques, sociaux et religieux en fonction des intérêts poursuivis par les uns et les autres.

Souvent à l’issue desdites élections, l’unité et la cohésion nationale du pays sont remises en cause.

Ceux qui gagnent les élections savourent leur victoire dans un coin, alors que les perdants ruminent toutes formes de vengeance, dans un autre coin.

Les élections sont devenues une véritable menace contre la stabilité de pays en Afrique.

Dans un tel contexte, les gagnants oublient les réalités démocratiques suivantes :

• C’est un parti ou une plateforme politique qui gagne les élections, mais la gestion du pays exige qu’on recourt à toute expertise où qu’elle se trouve, que cela soit dans l’opposition ou dans les autres couches de la population, pour faire avancer le pays ;

• Les vainqueurs n’ont pas été élus seulement par les membres de leurs partis ou plateformes politiques, mais aussi par des citoyens qui ne sont pas membres des partis politiques ;

• Le fait de gagner les élections ne donne pas aux vainqueurs le droit de considérer que le pays est un butin de guerre qu’ils doivent se partager en écartant les perdants et les autres citoyens non membres des partis politiques ;

Si, en République Démocratique du Congo, la Constitution permet aux partis politiques qui ont la majorité à l’Assemblée nationale de former le Gouvernement en se partageant les ministères selon des accords privés; Elle ne leur donne pas le pouvoir de se partager les entreprises et établissements publics, les postes dans la diplomatie, la justice, l’armée et la police, comme si le pays était devenu leur but de guerre.

Le partage des entreprises et établissements publics entre CACH et FCC est antidémocratique et viole le principe de l’égalité de tous les congolais devant la loi, en ce qui concerne la contribution aux charges publiques et l’accès de tous aux mêmes chances/opportunités.

Si nous partons du simple principe que tous ceux qui ont voté le Président de la République et les députés nationaux ne sont pas tous membres des partis politiques, il est clair qu’il est de justice que la gestion de ces entreprises soit ouverte à la compétition pour que tout congolais qui a la compétence, l’expertise et des valeurs morales avérées puisse avoir la chance d’y participer.

Pour un pays qui veut avancer, il me parait utile de mettre de côté toutes les mauvaises pratiques qui ont ruiné le Congo et qui ont compris la compétitive des entreprises de l’Etat (Désignation des mandataires sur base de leur allégeance au parti ou à l’autorité morale du parti).

Le fait que le Président Félix Tshisekedi ait accepté ce partage des entreprises entre les forces politiques qui ont gagné les élections me permet de m’interroger sur le changement qu’il entend imprimer sous son mandat. Comment le Président dont le parti politique(UDPS) a milité pour l’instauration d’un Etat de droit peut-il accepter ce compromis qui viole la Constitution et qui est contraire à tout ce qui est juste ?

Si le Président de la République nomme les mandataires issus de ce compromis qui viole la Constitution, je vais me permettre de conclure que le combat contre les antivaleurs et les pratiques de prédation restent entier.

Que devrions nous faire dans ce cas quand là ? C’est de considérer que nous ne sommes pas encore sortis des pratiques que nous avons décriées sous le Président Kabila d’une part, et que nous devons continuer à nous battre contre tout système qui n’offre pas les chances égales à tous les congolais.
La solution est que le peuple devra se décider un jour de se libérer d’un tel système.

Jean Claude Katende, Coordonnateur ASADHO, L’INTERVIEW.CD