RDC: Comment sauver SCTP (ex. ONATRA) du naufrage ?

RDC: Comment sauver SCTP (ex. ONATRA) du naufrage ?

Cette société est le plus grand propriétaire foncier en RDC après l’Etat et l’Eglise catholique.

Depuis pratiquement une décennie si pas plus, la société commerciale de Transport et des sports, ex ONATRA traverse des moments le plus sombre de son histoire. Beaucoup d’observateurs avertis parlent même d’une véritable descente aux enfers de cette entreprise du portefeuille pourtant fleuron de l’économie nationale hier et principalement les 30 (trente) premières années de l’indépendance de la République Démocratique du Congo.

La plupart de ses départements notamment ferroviaire et fluvial qui constituaient ses sources sûres de recettes, sont devenues pratiquement inopérationnels.

Le trafic sur le chemin de fer Kinshasa-Matadi s’est arrêté depuis environ 18 ans. Et aujourd’hui, même le trafic ferroviaire inter urbain Centre-Ville Masina, ou encore centre-Ville Kintambo-Kinsuka a cessé.

Alors que quand le chemin de fer était opérationnel surtout dans l’axe Matadi-Kinshasa, la SCTP engrangeait de recettes importantes qui lui permettaient d’assurer correctement la paie des travailleurs et le fonctionnement de l’entreprise.

Ce chemin de fer assurait également à moindre frais, le transport des containers et autres marchandises de gros tonnage débarqués du port de Matadi vers Kinshasa.

Et nous nous demandons bien, pourquoi ô diable, les autorités du pays n’ont pas su rénover les Rails et relancer le trafic ferroviaire Kinshasa-Matadi ?
Et à cause de l’arrêt du trafic sur cet axe, la route nationale Matadi-Kinshasa était très sollicitée pour le transport des camions poids-lourds et de gros tonnage en provenance et en direction du port de Matadi. Les conséquences, tout le monde le sait, la dégradation de la chaussée et qui est à la base de nombreux accidents.

L’argent de l’Etat qui aurait pu servir à d’autres besoins prioritaires, est constamment affecté à la réhabilitation de cette route nationale N°1 reliant les villes de Matadi et la capitale.

Assainir l’environnement de la voie ferrée

Selon un cadre de la SCTP qui a requis l’anonymat, la relance du trafic Kinshasa-Matadi ne peut pas se faire à l’emporte-pièce. Il y a des préalables qu’il faut absolument rencontrer. C’est l’assainissement de la voie ferrée dans son espace compris entre la gare centrale et Limete.

L’espace sur lequel les trains devraient passer, sont envahis par de constructions anarchiques au niveau des quartiers Limete-Industriel et Kingabwa. Or suivant les normes internationales, le train ne peut pas circuler dans un environnement habité à moins de 5 mètres du rail. Cela expose dangereusement de vie humaine, en cas d’un accident.

La solution ici consiste à déloger tous ces habitants et à détruire toutes ces constructions anarchiques pour libérer l’espace et aménager la voie ferrée.
En effet, beaucoup de D.G qui ont eu à diriger l’ex. ONATRA en l’occurrence MUKOKO Samba, ont posé le problème mais qui est demeuré sans réponse jusqu’à ce jour. Alors qu’à son époque, et il l’a dit au cours d’une émission spécialisée diffusée à la RTNC, le japon était prêt à fournir des locomotives, voitures et autres équipements à la SCTP pour relancer le trafic ferroviaire Kinshasa-Matadi. Cela ne s’est pas fait à cause entre autre de l’envahissement du site ex. ONATRA par des particuliers.

Pour résoudre ce problème, la SCTP doit prendre langue avec l’Hôtel de ville de Kinshasa pour que ce dernier déguerpisse d’autorité tous ces occupants anarchiques. Cette situation urge et le gouvernement du nouveau Premier Ministre Jean-Michel Sama LUKONDE devrait inscrire ce dossier parmi ses priorités. L’explorateur Stanley avait dit que le Congo ne vaut pas un penny sans chemin de fer. En effet, bien que le monde ait évolué avec le progrès technologique, cette réalité est encore d’actualité ce jour.

Le département fluvial également en difficulté

Le Département fluvial de la SCTP n’est pas non plus épargné.

La flotte de l’ex. ONATRA constitué de plusieurs bateaux à l’époque est aujourd’hui l’ombre d’elle-même.

Je ne sais pas à ce jour, combien de bateaux sont encore en circulation. Ces navires qui ravitaillaient la capitale en produits alimentaires variés depuis Kisangani dans l’axe fleuve-Congo et à partir d’Ilebo-Kikwit par l’axe Kasai-Kwilu sont quasi-inopérationnels.

Aujourd’hui, ce sont des privés et des embarcations de fortune constitué de baleinières et pirogues motorisés qui ont pris le relais. La conséquence : tout le monde le sait, c’est des naufrages en cascade de ces embarcations qui fauchent la vie des congolais pratiquement chaque mois ou toutes les deux semaines.
Certains agents de l’ex. ONATRA regrettent que même le bac qui assurait le trafic Kinshasa-Brazzaville, soit en arrêt.

Ce sont de vedettes et canons rapides des privés qui assurent la traversée des passagers entre les deux capitales.

Le personnel de la SCTP plaide pour que le bateau « Kamanyola » qui avait été ravi d’autorité par le Marechal Mobutu dans les années 80, lui soit restitué. C’est aussi cela l’Etat de droit que prône le Chef de l’Etat, Felix Tshisekedi.

Revaloriser le capital foncier de l’ex. ONATRA

La Société Commerciale de Transport et des ports SCTP ex. ONATRA est le plus grand propriétaire foncier et même immobilier en République Démocratique du Congo après l’Etat et l’Eglise Catholique, nous a déclaré un haut cadre de cette entreprise du Portefeuille.
L’ex. ONATRA a des biens immobiliers dans pratiquement toutes les villes, centres urbains et cités rurales du pays. En commençant par Kinshasa, Matadi, Boma, Muanda, Bandundu, Kikwit, Ilebo, Mbandaka, Mbanza-Ngungu, Kisantu, Lufu-Toto, Kimpese, Lisala, Bumba, Kisangani…

Rien qu’à Kinshasa, le capital immobilier est énorme et ne profite pratiquement pas à l’entreprise.

Si SCTP négociait un contrat avec des partenaires d’affaires pour concéder par exemple ses villas situées entre les avenues Tombalbaye et Colonel Ebeya contre la construction des immeubles pour une durée et des conditions à convenir, la société pourra gagner de l’argent et arriver à payer le personnel qui aligne plusieurs mois d’arrières de salaire.

On peut envisager la même chose pour ses vieux immeubles situés à Ndolo et dans certaines villes du pays. Les villas de Ma campagne peuvent être également balancé et procurer de moyens à l’entreprise.

En effet, en attendant des jours meilleurs, nous suggérons à la haute Direction de la SCTP de lever cette option pour recadrer financièrement la société qui peine à fonctionner ce jour. Alors qu’elle a, avec son patrimoine immobilier et foncier la possibilité de résoudre certains de ses problèmes.

Jean-Pierre Seke /L’INTERVIEW.CD