Kinshasa sous les eaux : inondations meurtrières et défis pour Daniel Bumba
Kinshasa, 6 avril 2025 — La capitale de la République Démocratique du Congo, Kinshasa, est une nouvelle fois confrontée à des inondations dévastatrices, à la suite des pluies torrentielles qui se sont abattues dans la nuit du vendredi 4 au samedi 5 avril. Routes impraticables, quartiers inondés, bilan humain encore incertain : la ville de plus de 15 millions d’habitants fait face à une crise récurrente, révélatrice d’un manque criant d’infrastructures adaptées.
Parmi les zones les plus touchées figurent les communes de Makala, Ngaba, Bandalungwa, Lingwala, Kasa-Vubu, Limete, Kalamu et Tshangu. La rivière N’djili, sortie de son lit, a temporairement isolé l’aéroport international du même nom. Dans le Kongo Central, les érosions et les glissements de terrain aggravent encore la situation.
Les infrastructures électriques n’ont pas été épargnées : plusieurs postes haute tension endommagés ont entraîné de vastes coupures de courant, laissant de nombreux foyers dans l’obscurité.
Sous le mandat précédent, des initiatives comme l’opération « Bulldozer », destinée à détruire les constructions anarchiques obstruant les caniveaux, avaient été lancées, mais souvent critiquées puis suspendues. Beaucoup de voix pointent du doigt la prolifération de constructions sur des zones inondables, entravant l’écoulement naturel des eaux et aggravant le risque d’inondation.
Malgré certains projets d’aménagement urbain lancés sous l’administration sortante, les problèmes structurels de drainage, de collecte des déchets et de planification urbaine n’ont pas trouvé de solution durable.
Le nouveau gouverneur de Kinshasa Daniel Bumba hérite d’un contexte particulièrement difficile. Bien que les services de secours aient été mobilisés, les habitants dénoncent une réponse jugée insuffisante face à l’ampleur des dégâts. Les prévisions météorologiques annoncent de nouvelles précipitations dans les prochains jours, alimentant les craintes d’une aggravation de la crise.
Cette catastrophe réaffirme la vulnérabilité de Kinshasa face aux effets du changement climatique et à une urbanisation non maîtrisée. Des spécialistes plaident pour des investissements urgents dans les infrastructures de drainage, la gestion efficace des déchets, et la refonte du plan d’urbanisme de la ville.
En attendant des mesures concrètes, les habitants de Kinshasa, épuisés mais résilients, continuent de faire face, avec courage, à des pluies qui exposent à chaque saison les failles profondes d’une mégapole en quête de solutions durables.
Zola NKOSI, L’INTERVIEW.CD
