Donnons de la valeur à nos morts – Hon. Didier Kamundu sur le Genocost
Vendredi 2 août 2024, la RDC a commémoré le génocide congolais, connu sous le nom de Genocost, à Goma et à Kisangani.
À Goma, la cérémonie a été dirigée par le ministre des Mines, Kizito Pakabomba. Les activités ont débuté par une conférence-débat suivie de témoignages poignants. Les participants ont ensuite visité le cimetière de Kibati dans le territoire de Nyiragongo, où reposent les victimes des bombardements du M23 dans les camps de déplacés. La journée s’est conclue par une exposition de photos et un moment de partage autour d’un verre.
Lors d’une interview, l’honorable Didier Kamundu, député national élu du territoire de Masisi, a exprimé son regret face au manque de reconnaissance accordée aux millions de morts dus à la guerre injuste imposée au Congo.
“Nous, Congolais, ne donnons pas la valeur qu’ils méritent à nos millions de morts causés par cette guerre injuste imposée à notre pays,” a déclaré Didier Kamundu. Il a également souligné l’absence remarquée de la communauté internationale, de la Monusco et des autres partenaires, un fait qu’il qualifie de “mauvais message” pour la population congolaise.
“Ce matin, nous avons visité le cimetière du Genocost. C’était bouleversant de revoir ces mauvais souvenirs, nos blessures sont encore fraîches. Je constate avec tristesse que, en tant que pays, nous ne prenons pas la mesure de la gravité de ce qui nous arrive depuis plus de trois décennies. Nos morts ne peuvent avoir de la valeur que si nous leur en donnons,” a-t-il ajouté.
Il a critiqué l’état du cimetière, le qualifiant de honte pour le pays : “Ce que j’ai vu aujourd’hui, ça me bouleverse et me déçoit profondément. Je ne peux pas amener des partenaires pour qu’ils voient cela, ce serait cracher sur leur mémoire. Notre pays a les moyens de construire un cadre digne pour que ceux que nous pleurons puissent reposer en paix.”
Didier Kamundu a poursuivi en faisant un parallèle avec d’autres pays ayant connu la guerre : “Faites un tour au Cambodge, en Yougoslavie et ailleurs où il y a eu des conflits, vous verrez que l’on respecte les morts, ce qui n’est pas le cas chez nous en RDC. Que l’on soit de la majorité, de l’opposition ou de la société civile, ce cimetière n’est pas à la hauteur de la situation que nous vivons.”
Il a conclu en réitérant son regret quant à l’absence de la communauté internationale et de la Monusco : “Ils auraient dû être présents à cette cérémonie, ce qui aurait apporté un peu de soulagement aux victimes que nous sommes.”
Mérite BAHOGWERHE/L’INTERVIEW.CD