Sommet Afrique-France 2026 : Pourquoi le Kenya et pas la RDC, premier pays francophone ?

Sommet Afrique-France 2026 : Pourquoi le Kenya et pas la RDC, premier pays francophone ?

L’annonce de la tenue du prochain Sommet Afrique-France en 2026 au Kenya, un pays anglophone, a suscité des interrogations. Cette décision, révélée mercredi dans un communiqué conjoint des présidences française et kényane, intervient alors que la République démocratique du Congo (RDC), premier pays francophone d’Afrique, aurait pu être un choix pertinent.

Il aura fallu attendre plus de cinq décennies pour que cet événement se déroule dans un pays anglophone, ce qui soulève des questions sur la pertinence de ce choix. Alors que le continent africain compte une majorité de pays francophones, l’optique de la France d’organiser ce sommet au Kenya, tout en laissant de côté un pays comme la RDC, dont l’influence géopolitique et démographique est indéniable, peut sembler stratégique mais aussi controversée.

Les thématiques centrales de cette édition – le climat et la réforme de l’architecture financière internationale – sont certes cruciales, mais le choix du lieu semble également refléter une tentative de repositionnement diplomatique de la France en Afrique. La popularité de la France dans les pays francophones est en déclin, tandis que William Ruto, président du Kenya, tente de se positionner comme un leader panafricain sur les questions environnementales, en dépit de la répression violente des manifestations anti-gouvernementales dans son pays ces derniers mois.

Le Dr Njoki Wamai, experte en géopolitique, souligne que ce sommet pourrait être perçu comme une opportunité pour Emmanuel Macron et William Ruto de redorer leur image sur la scène internationale. Les deux dirigeants, confrontés à des crises de légitimité dans leurs propres pays, cherchent probablement à utiliser ce sommet comme plateforme de communication. William Ruto, en particulier, a profité du Sommet africain pour le climat à Nairobi en septembre 2023 pour se positionner comme le porte-parole du continent sur les questions environnementales.

Cependant, en choisissant le Kenya plutôt qu’un pays comme la RDC, qui est non seulement le plus grand pays francophone d’Afrique mais aussi riche en ressources naturelles et stratégiquement situé au cœur du continent, la France semble s’éloigner de ses partenaires traditionnels. Cette décision pourrait refléter une volonté de Paris de diversifier ses alliances en Afrique, mais elle risque aussi d’alimenter le ressentiment dans les pays francophones, où l’influence française est déjà contestée.

En fin de compte, ce choix soulève la question de la place des pays francophones dans la politique africaine de la France et de l’importance de la RDC dans cette dynamique. Le sommet de 2026 pourrait bien être un test pour évaluer l’efficacité de cette nouvelle stratégie.

Zola NKOSI, L’INTERVIEW.CD