RDC : les 100 jours de Félix Tshisekedi donnent des signaux prometteurs
Même si les avis sont partagés, pour beaucoup de Congolais, le nouveau Président de la République a donné des signaux avérés du changement de gouvernance au sommet de l’Etat et du développement du pays tels que contenus dans ses promesses de campagne et promis dans son programme pour le début de son quinquennat.
Nombre d’observateurs pensent que les 100 jours de Félix Tshisekedi à la tête du pays sont porteurs d’espoirs. Arrivé au pouvoir dans un contexte politique très particulier et où personne ne l’attendait à ce poste, le président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo est, aujourd’hui un homme seul qui doit se battre, pour répondre aux nombreuses attentes de la population, avec le camp Kabila, requinqué par sa forte emprise sur le Parlement.
Même si les avis sont partagés, l’on reconnait néanmoins que les premiers pas du président Félix Tshisekedi sont prometteurs. Pour un grand nombre de Congolais, en effet, en cent jours de règne, le nouveau Président de la République a donné des signaux avérés du changement de gouvernance au sommet de l’Etat et du développement du pays tels que contenus dans ses promesses de campagne et promis dans son programme pour les cent premiers jours.
De l’abstrait au concret
Si le premier signal a été, l’interdiction des sorties des fonds au niveau des ministères, entreprises et services publics, sauf pour ceux liés aux charges sociales, ainsi des mises en place du personnel, la réhabilitation des infrastructures routières, sanitaires et éducationnelles tant dans la capitale que dans d’autres provinces du pays, la fermeture des cachots des services spéciaux sont également considérés comme des signaux forts donnés par le Chef de l’Etat, dans le cadre de ce programme pour ce laps de temps.
La détermination de lutter contre le virus d’Ebola ainsi que d’autres maladies qui sévissent dans certaines parties du pays est considérée comme une marque de la volonté de pousser les choses vers l’excellence.
Sur le plan de la justice et de la décrispation politique, l’opinion relève la libération des certains prisonniers politiques et d’opinions, parmi lesquels Jean-Claude Muyambo, Firmin Yangambi, Franck Diongo et Diomi Ndongala, considérés comme «prisonniers emblématiques» dans l’Accord de la Saint Sylvestre, signé le 31 décembre 2016. Le geste posé par le Chef de l’Etat en direction de certains exilés politiques dont Moïse Katumbi, Antipas Mbusa Nyamwisi, Olivier Kamitatu, Francis Kalombo et autres, qui peuvent rentrer au pays sans crainte d’être arrêtés ou jetés en prison, est également compté parmi les points positifs de ce début de quinquennat.
Sur le plan socio-politique, l’opinion salue également la décision prise, de faciliter la tâche aux étrangers d’origine congolaise, pour l’obtention de leurs visas aux différentes portes d’entrée de la RDC. « Cela est un appel lancé à ces membres de la diaspora congolaise pour leur implication dans le développement du pays », a souligné sous le sceau de l’anonymat un Congolais ayant acquis la nationalité autrichienne.
Dans le cadre de ces cents jours, l’opinion reconnait également cette volonté de Félix Tshisekedi de rompre avec les antivaleurs, dont l’impunité. La série de suspensions de leurs fonctions de certains cadres et gestionnaires d’institutions de la République ou entreprises publiques accusés de mégestion est vue dans cette optique. On peut, dans ce chapitre, citer le colonel de la police tenu responsable des dérapages de ses éléments lors d’une manifestation des étudiants de Lubumbashi, le Directeur général de l’Université pédagogique nationale (UPN), le Directeur général de Transco, le Président de l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (ARPTC) et du Directeur général de la SCTP (ex-Onatra), l’ancien ministre des Affaires foncières. Ce dernier, présumé coupable de tripatouillage des patrimoines fonciers tant publics que privés ainsi que de l’insubordination, etc.
Le financement du plan d’aménagement du territoire exclusivement par le Trésor public congolais et exécuté par des sociétés nationales de génie civil sont autant des points positifs qui sont relevés. La population de Kinshasa comme ceux des provinces sont eux-mêmes témoins de cette transformation que connaissent déjà un certain nombre de leurs routes, ponts, écoles, hôpitaux, réseaux de desserte en eau potable et électricité, etc.
Quoi qu’il en soit, les 100 jours de Félix Tshisekedi sont marqués par des signes qui traduisent la volonté du président de la République à faire bouger les lignes. Mais, si la libération des prisonniers politiques, les libertés publiques et l’assainissement des mœurs dans la gestion des affaires publiques sont considérés comme des indices prometteurs qui charrient un brin d’espoir, l’opinion publique congolaise attend voir le chef de l’Etat traduire dans les actes notamment sa promesse de «déboulonner» les vieilles habitudes du régime passé. Le peuple congolais, dans son ensemble, attend donc du Président Fatshi, des actes qui traduisent réellement une nette rupture avec le régime Kabila.
Le 2 mars 2019 sur la place de l’Echangeur à Limete, le président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, note-t-on, avait lancé son programme d’urgence pour couronner ses 100 jours à la tête de l’Etat congolais. Dans ce canevas, il a ciblé des secteurs prioritaires pour donner une nette visibilité à son mandat.
Lucien Masidi