RDC : au regard de plusieurs interpellations sur la gestion de sauts de moutons, S’achemine-t-on vers la fin de l’impunité ?
Depuis une dizaine de jours déjà, l’on assiste à une vague d’interpellations des personnalités et entreprises ayant gagné le marché ou chargés de piloter les chantiers de sauts de moutons initiés par le Président de la République depuis l’année dernière.
Sur la liste des personnalités interpellées par les instances judiciaires, figurent des «intouchables » parmi lesquelles l’on retrouve : le richissime américain Blattner, qui est à la tête d’un groupe d’entreprises puissantes et prospères comme la BCDC, le CAA, le SAFRICAS, des cimenteries, etc., Herman SANKRINI, DG de l’Office des Routes, le Wenga de l’OVD, le Jammal SAMIH de SOMIBO Congo etc.
Personne ne pouvait imaginer que des gens comme le Blattner pouvait, à raison de sa puissance financière et de ses relations privilégiées avec des milieux politiques et d’affaires de la RDC, être interpellé un jour et même incarcéré par les instances judiciaires du pays.
Aujourd’hui, c’est finalement chose faite. Il devra justifier des millions de dollars que son entreprise SAFRICAS a perçu pour la construction de sauts de mouton. Une arrestation qui fera date dans l’histoire du Congo-Kinshasa.
Le nouveau procureur de la Cour de Cassation a, par cet acte, donné un signal fort de la manière dont le Parquet général voudrait désormais piloter la justice congolaise.
Par l’interpellation de ce puissant opérateur économique américain, et celle des directeurs généraux de l’Office des Routes, de l’Office des Voiries et Drainage et de la société SOMIBO Congo, le nouveau procureur général de la Cour de Cassation voudrait inaugurer une ère nouvelle dans l’administration de la justice congolaise, où l’on n’assistera plus à une justice à double vitesse et entièrement acquise aux Hommes forts, aux riches au détriment des faibles, ou des gens moins lotis financièrement.
Voilà qui fait dire à l’opinion, si à travers l’interpellation de ces gros poissons, le pays était en train de tourner la page de l’impunité où la RDC s’était retrouvée pendant plus de deux décennies.
C’est la justice qui élève une nation
C’est la justice qui élève une nation déclare les saintes écritures. Ce n’est pas le nombre de Kilomètres d’auto-routes ni la présence de nombreux immeubles, ou la quantité de milliards de dollars en banque qui élèvent une nation. Pas du tout.
Dans les pays les plus puissants de la planète comme les USA, le Japon, la France, la Corée du sud, l’Afrique du sud pour ne citer que ceux-ci, la justice est le socle de la société. Elle est le dernier rempart sur lequel on s’appuie et elle fait son travail en toute indépendance. Tout citoyen fut-il Sénateur, Général de l’armée, Ministre, Premier Ministre, D.G d’entreprises et même le Chef de l’Etat est interpéllable.
Le Titre ou la position sociale de quelqu’un ne fait guère mystère aux yeux des instances judiciaires.
Dès que des soupçons pèsent sur un citoyen du pays, les instances judiciaires n’hésitent pas à le convoquer même pour quelques minutes.
Ce qui fait par exemple qu’en Corée du Sud, l’on a vu l’ex-Présidente de la République, Mme Park être interpellée et incarcérée en Prison, alors qu’elle était en plein exercice du pouvoir.
En Afrique du Sud, le Président Jacob Zuma a été contraint à la démission puis interpellé par la justice de son pays. Au Japon, le patron du Groupe automobile RENAULT a été interpellé. En France, le patron du groupe Bolloré a été mis sous examen judiciaire puis incarcéré etc…
Aujourd’hui, la justice congolaise est en train d’emboiter le pas à l’administration judiciaire de ces grands pays puissants cités ci-haut.
Mais la question qu’on est en droit de se poser, est celle de savoir si nos instances judiciaires sauront-elles tenir longtemps et maintenir ce rythme ? Et avec quel personnel judiciaire ? Quand l’on sait dans quelles conditions, il travaille.
Voilà pourquoi, des observations avertis souhaitent une reforme drastique du secteur avec un corps judiciaire rajeuni et justifiant une probité morale avérée.
Chaque Leader est «Comptable de l’avenir». Si le Chef de l’Etat Félix TSHISEKEDI voudrait réussir l’assainissement de la justice congolaise, il doit s’impliquer personnellement et mettre en condition, le personnel judiciaire de la République qui ne devrait pas «mendier» son pain pour survivre. il devra vivre de son salaire et primes. C’est un pari difficile mais pas impossible. Le conseil judiciaire pour sa part devra également veiller sur le comportement de chaque magistrat ou assermenté de la justice. Qui doit être sanctionné au besoin radié de la corporation si le moindre soupçon de corruption ou de trafic d’influence pesait sur lui.
Jean –Pierre SEKE, L’INTERVIEW.CD