États-Unis : le Congo-Brazzaville dans la liste des 12 pays interdits par Donald Trump

Washington, Le président américain Donald Trump a pris, ce mercredi 4 juin, une décision controversée en signant un décret interdisant l’entrée sur le territoire des ressortissants de douze pays, au nom de la lutte contre le terrorisme. Cette mesure, qui entrera en vigueur le 9 juin, s’inscrit dans la continuité d’une politique migratoire dure, similaire à celle menée lors de son premier mandat.
Le nouveau décret concerne directement douze États dont les citoyens ne pourront plus obtenir de visas pour se rendre aux États-Unis : l’Afghanistan, la Birmanie, le Tchad, la République démocratique du Congo, la Guinée équatoriale, l’Érythrée, Haïti, l’Iran, la Libye, la Somalie, le Soudan et le Yémen.
Sept autres pays – le Burundi, Cuba, le Laos, la Sierra Leone, le Togo, le Turkménistan et le Venezuela – sont soumis à des limitations partielles, affectant uniquement certains types de voyageurs. L’administration américaine justifie ces restrictions par des faiblesses supposées des systèmes administratifs de ces pays ou par le non-respect des règles migratoires par leurs ressortissants.
Des exceptions sont toutefois prévues, notamment pour les titulaires de cartes de résident permanent, certains visas spéciaux, ou encore les personnes jugées utiles à la sécurité ou aux intérêts stratégiques des États-Unis. Les sportifs sélectionnés pour la Coupe du monde 2026 ou les Jeux olympiques de 2028 sont également exclus de cette interdiction.
Une attaque à Boulder en toile de fond
La décision de la Maison Blanche intervient quelques jours après une attaque ayant eu lieu le 1er juin à Boulder, dans l’État du Colorado. Lors d’un rassemblement en soutien aux otages israéliens retenus à Gaza, un homme d’origine égyptienne aurait lancé des engins incendiaires, blessant douze personnes. Il aurait crié des slogans pro-palestiniens au moment de l’attaque. Le suspect est poursuivi pour tentative de meurtre et crime de haine, et comparaîtra prochainement devant la justice.
Dans une déclaration diffusée sur le réseau X, Donald Trump a estimé que cet événement révélait « les risques majeurs liés à l’entrée de ressortissants étrangers insuffisamment contrôlés ». Il a d’abord été affirmé que l’assaillant se trouvait en situation irrégulière, avant qu’il ne soit confirmé qu’il avait introduit une demande d’asile en 2022 et obtenu un permis de travail.
Fait notable : bien que l’auteur présumé de l’attaque soit égyptien, l’Égypte ne figure pas sur la liste des pays concernés par le décret. Toutefois, la Maison Blanche a annoncé qu’une révision du processus de délivrance des visas pour les citoyens égyptiens était en cours.
Un retour du « travel ban »
Cette décision n’est pas sans rappeler le décret signé en 2017 par le président Trump, surnommé à l’époque « Muslim Ban », qui visait principalement des pays à majorité musulmane. Bien qu’annulé par plusieurs tribunaux, ce décret avait été partiellement validé par la Cour suprême en 2018. Il avait ensuite été annulé en 2021 par le président Joe Biden, qui y voyait une politique discriminatoire.
Donald Trump défend aujourd’hui ce type de mesures comme un moyen de prévention contre les attaques terroristes. « Ce que l’Europe a connu, nous ne le tolérerons pas ici », a-t-il martelé.
Vives réactions sur la scène internationale
La nouvelle interdiction a immédiatement provoqué des réactions diplomatiques et associatives. Le gouvernement vénézuélien a conseillé à ses ressortissants d’éviter de voyager vers les États-Unis. Du côté des organisations civiles, le Conseil national irano-américain a dénoncé une mesure qui, selon lui, ne protège pas le pays, mais porte atteinte à des millions d’Américains ayant des origines étrangères.
La Somalie s’est dite ouverte à une coopération avec Washington pour répondre aux préoccupations évoquées. Des ONG comme Amnesty International accusent la Maison Blanche de cibler injustement certains groupes ethniques ou religieux, et de bafouer les principes fondamentaux du droit international.
Une politique migratoire en durcissement
Ce décret s’inscrit dans une série d’actions récentes visant à restreindre davantage l’immigration. L’administration Trump a notamment suspendu une application permettant de déposer des demandes d’asile à la frontière sud, lancé des opérations de grande ampleur contre les migrants en situation irrégulière, et limité l’accès aux visas pour les étudiants internationaux souhaitant intégrer certaines universités américaines, dont Harvard.
Alors que ces mesures divisent profondément l’opinion publique, de nombreux experts juridiques s’attendent à de nouvelles procédures devant les tribunaux. Reste à voir si ce nouveau décret survivra aux contestations judiciaires et aux pressions internationales à venir.
Zola NKOSI, L’INTERVIEW.CD