Rassemblement devant l’ambassade de la RDC à Paris pour soutenir Stanis Bujakera
En anticipation du verdict concernant le journaliste congolais Stanis Bujakera Tshiamala, qui fait face à une possible peine de 20 ans de prison suite aux demandes du procureur, une mobilisation significative a eu lieu devant l’ambassade de la République démocratique du Congo (RDC) à Paris. Organisée par Reporters sans frontières (RSF) et Jeune Afrique, le média pour lequel Bujakera contribue, cette manifestation visait à exiger la libération du journaliste détenu depuis le 8 septembre 2023.
La mobilisation s’est matérialisée notamment par la présence d’un camion publicitaire affichant un message clair pour la libération de Bujakera, positionné stratégiquement devant l’ambassade de la RDC. Le rassemblement a vu la participation d’une cinquantaine de membres de RSF et de journalistes de Jeune Afrique, soulignant la solidarité professionnelle envers Bujakera.
L’accusation portée contre Bujakera est celle de fabrication et diffusion d’une note de l’Agence nationale du renseignement (ANR), mettant en cause les services de renseignements militaires dans l’assassinat d’un porte-parole de l’opposition. Le procès, décrit comme kafkaïen par certains, a culminé le 8 mars avec la demande du procureur de condamner Bujakera à 20 ans de détention. Le jugement final est attendu pour le 20 mars.
Arnaud Froger de RSF a exprimé son inquiétude quant à la demande de condamnation, la qualifiant d’une des plus sévères contre un journaliste en Afrique centrale depuis le début du siècle. Il a plaidé pour un acquittement total de Bujakera comme seul dénouement acceptable pour rendre justice.
Marwane Ben Yahmed, Directeur de publication de Jeune Afrique, a également critiqué le déroulement du procès et l’enquête, soulignant l’absence de preuves concrètes de la culpabilité de Bujakera. Il a mis en évidence les incohérences et les faiblesses du dossier d’accusation, notamment en ce qui concerne la prétendue fabrication et diffusion par Bujakera d’un document de renseignement.
Cette affaire a également été scrutée par une enquête menée par un consortium de médias, incluant Jeune Afrique, révélant les lacunes de l’expertise technique utilisée pour imputer la diffusion de la note controversée à Bujakera. Ces développements mettent en lumière les défis auxquels font face les journalistes dans l’exercice de leur profession, surtout dans des contextes où la liberté de presse est en jeu.
Zola NKOSI/L’INTERVIEW.CD