L’Angola se retire de la médiation entre le Rwanda et la RDC

Luanda, 24 mars 2025 – Dans un revirement inattendu, l’Angola a annoncé ce lundi mettre fin à son rôle de médiateur dans le conflit qui oppose la République démocratique du Congo (RDC) au Rwanda, marquant un coup d’arrêt aux efforts de paix dans une région en proie à une escalade de violences. Cette décision, officialisée par la présidence angolaise, intervient après des mois de tentatives infructueuses pour rapprocher les deux voisins d’Afrique centrale et leurs protagonistes, notamment le groupe rebelle M23, soutenu selon Kinshasa et des rapports de l’ONU par Kigali.
Sous la houlette du président João Lourenço, l’Angola s’était imposé comme une figure clé dans la recherche d’une solution diplomatique au conflit dans l’Est de la RDC. Désigné médiateur par l’Union africaine (UA), Lourenço avait piloté le “processus de Luanda”, une initiative visant à désamorcer les tensions entre le président congolais Félix Tshisekedi et son homologue rwandais Paul Kagame, tout en adressant la question des groupes armés actifs dans la région. Ce processus avait notamment abouti à un cessez-le-feu signé en juillet 2024, mais rapidement violé, et à des tentatives de négociations directes entre la RDC et le M23, que Kinshasa avait longtemps refusées.
Cependant, les récents développements sur le terrain ont mis à rude épreuve la crédibilité de cette médiation. Depuis janvier 2025, le M23 a intensifié son offensive, s’emparant des villes stratégiques de Goma et Bukavu, accentuant la crise humanitaire qui a déjà déplacé plus de sept millions de personnes. Les accusations persistantes de la RDC contre le Rwanda, soupçonné de soutenir militairement les rebelles, ainsi que les réticences de Kigali à se plier aux exigences de désengagement, ont compliqué la tâche de l’Angola. Dans un communiqué, la présidence angolaise a justifié ce retrait par la nécessité de “se libérer de cette responsabilité” pour se concentrer sur d’autres priorités de l’UA, tout en déplorant l’échec d’une réunion prévue à Luanda la semaine dernière entre la RDC et le M23.
Ce désistement angolais soulève des questions sur l’avenir de la médiation dans cette crise. “L’Angola considère que les conditions ne sont plus réunies pour poursuivre”, a déclaré un porte-parole de la présidence, précisant qu’un autre chef d’État africain serait désigné dans les prochains jours pour reprendre le flambeau. Cette annonce intervient alors qu’un sommet conjoint des Communautés économiques régionales d’Afrique australe (SADC) et de l’Afrique de l’Est (EAC) est prévu ce lundi, coprésidé par les présidents kényan William Ruto et zimbabwéen Emmerson Mnangagwa, dans l’espoir de relancer les efforts de paix.
Pour l’heure, la situation dans l’Est de la RDC demeure explosive. Avec le départ de l’Angola de la table des négociations, la communauté internationale et les acteurs régionaux sont désormais sous pression pour trouver une alternative viable, alors que le spectre d’un conflit régional plus large continue de planer.
Zola NKOSI, L’INTERVIEW.CD