RDC – Reprise des cours : 2019-2020, année blanche ou année de fraude

RDC – Reprise des cours : 2019-2020, année blanche ou année de fraude
Une Ecole Matadi. Photo Infobascongo

Malgré les initiatives d’encadrement des enfants dans le confinement à travers des cours en direct sur des chaînes de télévision et applications en ligne ou des vidéos-conférences, celles-ci se heurtent à d’innombrables obstacles liés particulièrement à l’absence de tutorat et au non accès aux médias par la majorité des cibles en raison du coût élevé de l’accès à internet et le manque considérable d’électricité dans la grande partie du pays.

En outre, du point de vue pédagogique, apprendre se décline quelques étapes progressivement atteintes et qui sont autant de degrés de maîtrise de savoirs. Et pourtant, certaines de ces étapes, ne peuvent être atteintes efficacement par un enseignement à distance et demandent impérativement un enseignement présentiel.

Dans l’hypothèse d’une probable reprise des enseignements cette année, il est à constater également avec regret l’impossibilité de faire respecter les gestes barrières dont principalement la distanciation physique au regard de la capacité d’accueil réduite de la plupart des salles de classe et des auditoires. De ce fait, il serait mieux d’envisager des stratégies qui s’imposent en vue d’éviter l’impact négatif du Covid-19 sur la santé des élèves et étudiants, sur la qualité de leur enseignement, sur l’économie très fragilisée de la majorité des parents qui sortent d’environs 3 mois sans travailler, dans la perspective de sauver cette année scolaire et académique.

“L’état d’urgence avait été déclaré lorsque le nombre de contaminé était moins de 20 et actuellement que nous avons déjà dépassé la barre de 1500 cas, qui ne cesse d’augmenter, ils veulent que nous reprenions les cours. Ce serait nous envoyer à l’abattoir pied et mains liés. Mon père travail à la Gombe et depuis plusieurs semaines, il ne travaille pas et n’est pas payé, comment vais-je faire car il n’est pas en mersure de me payer quoi que ce soit” se confie, Emmanuel Ndungu, étudiant en deuxième année de graduat économie dans une université de la place.

Il renchérit en disant : “Ils nous parlent de cours en ligne pourtant ils savent aussi bien que l’accès au réseau internet coûte très cher et qu’il n’y a pas d’électricité dans nos maisons”.

Pour certaines organisations des droits humains tel que la Dynamique Chrétienne pour la défense des Droits Humains et de l’Environnement “DCDHE”, vue l’impossibilité du gouvernement à garantir un enseignement de qualité et surtout d’accompagner les parents fortement touchés économiquement au sortir du confinement, l’État congolais devrait prendre le courage de déclarer cette année scolaire et académique 2019-2020 : «Année blanche» et de tenir pour responsable de cette éventuelle année blanche, l’équipe de Riposte qui a choisi d’adopter les mesures dictées par l’OMS au détriment de la réalité du pays.

Aux grands maux, Grands remèdes

Déjà mis en retard à cause des grèves à répétition et autre incidents qui n’ont même pas jusque-là trouvé gain de cause, des universités telles que l’université de Kinshasa, l’université pédagogique Nationale,… dont la majorité de facultés attendaient de commencer leur année académique en Mars se sont vue confinées pour cause de Covid-19. Les enfonçant encore plus dans un retard pouvant les mèner à non pas une année élastique comme d’habitude mais plutôt à une année de retard.

De ce fait, il serait plus judicieux de la part de l’État congolais de décreter l’année 2019-2020, Année Blanche que d’essayer de la sauver, car elle sera une année de fraude et de mafia. En effet, faire table rase en réparant ce qu’il faut, tout reprendre sur le même et bon pied en octobre prochain et avancer.

Il sied de rappeler que c’est en mi-mois de Mars que le président de la République avait décrété l’État d’urgence en fermant Écoles, Universités, Églises, bars, Terrasses et interdit tout rassemblement de plus de 20 personnes sur toute l’étendue du territoire national en vue de protéger la population de l’expansion du virus.

Josué Ngoyi/L’INTERVIEW.CD