Proposition de “Travel Ban” sous Trump : La RDC dans le viseur d’une interdiction de voyage aux États-Unis

Proposition de “Travel Ban” sous Trump : La RDC dans le viseur d’une interdiction de voyage aux États-Unis

Kinshasa, 15 mars 2025 – Une nouvelle proposition de restriction de voyage, actuellement en discussion au sein de l’administration du président Donald Trump, pourrait bientôt bouleverser les relations entre les États-Unis et plusieurs pays, dont la République Démocratique du Congo (RDC). Selon des sources proches du dossier et des informations relayées par le New York Times, ce projet ambitieux viserait à limiter ou interdire totalement l’entrée de citoyens de dizaines de nations sur le sol américain. La RDC, en proie à une instabilité chronique et à des défis sécuritaires, figurerait parmi les pays potentiellement ciblés.

Une liste à trois niveaux : Rouge, Orange et Jaune

D’après les détails qui ont filtré, le projet de “travel ban” classerait les pays en trois catégories distinctes. La “liste rouge” imposerait une interdiction totale de voyage vers les États-Unis pour les ressortissants des pays concernés. La “liste orange” prévoirait des restrictions partielles, tandis que la “liste jaune” permettrait des déplacements sous conditions spécifiques. Bien que la position exacte de la RDC sur cette échelle reste incertaine à ce stade, son inclusion potentielle dans la “liste jaune” suscite déjà des inquiétudes parmi les Congolais, tant au pays qu’au sein de la diaspora aux États-Unis.

Les critères pour figurer sur ces listes semblent inclure des considérations liées à la sécurité nationale, à la stabilité politique et à la capacité des États à fournir des informations fiables sur leurs citoyens. La RDC, confrontée à des conflits armés dans l’est du pays, notamment avec le groupe rebelle M23 soutenu par le Rwanda, ainsi qu’à des tensions diplomatiques régionales, pourrait être pénalisée par ces facteurs.

Cette proposition intervient dans un climat déjà tendu pour la RDC. Les récents affrontements dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, combinés à une crise humanitaire qui a déplacé des millions de personnes, ont attiré l’attention internationale. Les États-Unis, sous l’administration précédente, avaient déjà émis des avis de voyage de niveau 4, déconseillant tout déplacement dans le pays en raison des risques liés à la criminalité, aux troubles civils et au terrorisme. Cette nouvelle mesure, si elle est adoptée, marquerait un durcissement supplémentaire de la politique américaine envers Kinshasa.

Pour les Congolais, les conséquences pourraient être lourdes. La diaspora congolaise aux États-Unis, bien que relativement modeste, joue un rôle clé dans le soutien économique de nombreuses familles restées au pays via les transferts d’argent. Une interdiction de voyage risquerait de compliquer les réunifications familiales et de freiner les opportunités d’études ou d’affaires. “C’est une injustice potentielle pour un peuple qui souffre déjà énormément”, déplore Marie-Louise, une étudiante congolaise résidant à New York, contactée par notre rédaction.

À ce jour, aucune confirmation officielle n’a été donnée par la Maison Blanche ou le Département d’État américain. Des responsables ayant requis l’anonymat ont toutefois indiqué que la liste est encore en cours d’examen et que des ajustements pourraient être apportés avant sa finalisation. Certains observateurs estiment que des considérations diplomatiques, notamment les relations avec les alliés régionaux comme le Rwanda, pourraient influencer la décision finale.

À Kinshasa, le gouvernement n’a pas encore réagi officiellement à cette information. Cependant, des voix au sein de la société civile appellent déjà à une mobilisation pour faire pression sur les autorités américaines. “La RDC ne peut pas être réduite à ses conflits. Nous méritons une chance de montrer notre valeur”, affirme Jean-Pierre, un activiste local.

Ce “travel ban” s’inscrit dans la lignée des politiques migratoires restrictives promues par Donald Trump lors de son premier mandat. En 2017, une mesure similaire avait ciblé plusieurs pays à majorité musulmane, provoquant un tollé international et des batailles judiciaires. Cette fois, l’ampleur du projet – qui pourrait concerner jusqu’à 43 pays selon certaines estimations – marque une escalade significative.

Alors que la date de publication officielle approche, les regards se tournent vers Washington. Pour la RDC, déjà aux prises avec des défis internes colossaux, cette proposition pourrait ajouter une couche supplémentaire de complexité à un avenir incertain. Reste à savoir si la diplomatie congolaise saura peser dans la balance pour éviter une sanction qui, pour beaucoup, serait perçue comme une nouvelle stigmatisation.

Zola NKOSI, L’INTERVIEW.CD